Les Comptes Rendus

Désir de solitude, solitude du désir

Solitude du désir, désir de solitude

Certains enjeux , des intérêts, des problèmes réels, font naître des questions sur le désir et ces interrogations renvoient plus simplement à cette envie fondamentale d’être tranquille, de parvenir à une forme de paix qui est absence de trouble et dont chacun expérimente qu’il n’est pas toujours facile de l’atteindre. Or qu’est ce qui rend inquiet ? Justement des désirs !

« Je voudrais réussir dans la vie mais l’avenir est incertain – J’aimerais manger ce gâteau mais aussi rester mince – Je désire cette femme mais elle ne m’accorde pas un regard – Je souhaite acheter cet objet mais l’argent me manque – je voudrais m’engager tout en gardant ma liberté et mon insouciance etc. … ». 

Nous nous sentons tyrannisés par nos désirs et nous aimerions bien en être maîtres. Voici ce qu’écrit Pascal dans les « Pensées » :

« Nous souhaitons la vérité et ne trouvons en nous qu’incertitude / Nous cherchons le bonheur et ne trouvons que misère et mort / Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur, et sommes incapables ni de certitude ni de bonheur – Le désir nous est laissé tant pour nous punir que pour nous faire sentir d’où nous sommes tombés. »

Le verdict est implacable !

Sous d’autres horizons, le Bouddha n’affirmait-il pas déjà : « Il n’y a pas de feu comme la passion, pas d’emprise comme la mauvaise volonté, pas de rets comme l’égarement, pas de fleuve comme la soif. »

La vraie question du désir est celle du bonheur, elle vise profondément une maîtrise idéale de notre existence qui nous conduirait hors de la vallée des larmes, de ce monde ci où tout n’est qu’illusion, souffrance, pour vivre « comme une déesse, comme un dieu, parmi les hommes. »

 

Le désir de solitude serait lié à une nécessité, celle d’être avec soi, d’avoir un espace à soi, de se retrouver dans son souffle, une sorte de mise en abyme pour fuir le monde et se protéger dans sa bulle, se camoufler dans son antre pour ruminer. 

On observe une anesthésie du désir et l’on fait abstraction des liens sociaux, il n’y a plus de place pour autrui. Coupé du monde, on avance vers la solitude des origines…

Si la solitude ne devient que l’objet du désir, une forme d’auto-destruction peut s’installer et conduire à la mort du désir, au néant.

 

Forces et faiblesses des gens seuls :si la solitude donne un pouvoir, une certaine maîtrise de sa vie,  cela n’est souvent qu’une illusion … A ce sujet nous avons déjà abordé les conséquences fâcheuses de la solitude.

Trop de souffrance conduit à se renfermer et la bulle perdant son confort  se mue en enfer. N’est-il pas impensable de vivre sans inter-action avec autrui.

 

La solitude prodiguerait un sentiment de liberté plus que de pouvoir. Effectivement, rappelons-le, on peut être seul et ne pas se sentir seul.

La solitude du désir, prégnante dans bien des occasions reste à traquer … Et si certains ne la supportaient pas chez vous ?

 

Le désir, c’est la vie. Le désir c’est se « dé-sidérer », c’est à dire sortir de l’état de sidération et s’extraire de l’imaginaire.

 

Neuvième RESTO NO SOLO

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